Actu eco : le pouvoir d’achat va augmenter en 2019. Et la croissance du PIB ?
L’année 2018 devrait se solder par une progression du PIB français de l’ordre de +1,5%/+1,6% selon le consensus.
Les prévisions pour 2019 sont disparates. Certains économistes tablent sur une accélération de la croissance du PIB (+1,8% pour les plus optimistes) tandis que d’autres la voient ralentir pour renouer avec son rythme « potentiel » (+1,3%), c’est-à-dire celui résultant des fondamentaux structurels de notre économie. La différence entre ces deux prévisions réside dans le scénario retenu sur le comportement de consommation des ménages.
Dans sa note de conjoncture de décembre 2018, l’INSEE indique que l’acquis de croissance du pouvoir d’achat des ménages serait « déjà » de 2% à la mi-2019, hausse inédite depuis 10 ans (même s’il s’agit d’une moyenne qui ne rend pas compte de la situation individuelle de chacun, à laquelle les Français sont d’abord sensibles). Cette progression serait portée par les mesures annoncées le 10 décembre 2018 (hausse de la prime d’activité, annulation de la hausse de la CSG pour les petites retraites, défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires et prime exceptionnelle) mais aussi par la réduction attendue des prix du pétrole ainsi que la poursuite de la baisse de la taxe d’habitation. Reste néanmoins à savoir si les Français consommeront vraiment plus.
En théorie, les ménages les moins aisés ont une propension marginale à consommer élevée : cela signifie qu’une hausse de revenu engendre de la consommation plutôt que de l’épargne, contribuant de fait à l’accélération de la croissance (ce qu’on appelle l’effet du « multiplicateur keynésien »). Mais en pratique, du fait d’incertitudes (notamment sur la fiscalité) ils peuvent décider d’épargner une partie de ce surplus de revenu plutôt que de le consommer (épargne de précaution). A l’extrême, s’ils pensent que ces mesures se traduiront par des futures hausses d’impôts, ils peuvent ne pas consommer du tout le surplus de revenu (effet d’«équivalence ricardienne»).
Or, le scénario retenu s’agissant du comportement de consommation des ménages revêt une importance toute particulière :
- s’ils consomment plus, le PIB français accélèrera et cette hausse d’activité se reflètera dans l’évolution de l’emploi et du taux de chômage (qui passerait sous les 9% de la population active en 2019) ;
- en revanche, s’ils ne consomment pas plus, la croissance ralentira vers son rythme potentiel et le taux de chômage ne passera pas sous la barre des 9%.